dimanche 19 février 2012

Pause

Pause blog.
Beaucoup d'énergie dépensée par ailleurs.
Plus l'envie de poser des mots.
Pire encore, plus envie de lire des mots....
Pause des mots.
Action.
Des gestes sans recul
Automate dépourvue d'émotion
par peur du goufre
Pause relationnelle.
C'est si fatigant parfois les relations...
Impression d'être à côté...
Envie de partir,
rejoindre le mouvement des indignés
Construire un monde nouveau
Action
Croire encore en un idéal humain
Pas envie de voter
Pas assez d'idée nouvelle porteuse d'espoir
Je sens trop de gens qui soufrent
Le sentiment d'impuissance générale me donne envie de me coucher.
Mais action
individuelle ici et maintenant
parce que je n'ai pas d'autre choix.
Un jour je le ferai
Je partirai rejoindre le mouvement
Pour le moment je les suis dans l'ombre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_Indign%C3%A9s
http://fr-fr.facebook.com/pages/Les-Indign%C3%A9s-De-France/188894887829335

mardi 7 février 2012

Elle

Elle c'est l'amoureuse de mon fils C.
Parce qu'elle existe, je peux dormir la nuit, malgré l'accident (même si les cauchemars sont au rv)
Parce qu'il l'aime, je sais qu'il luttera encore plus
Parce que quoi qu'il récupère ou ne récupère pas, elle ne changera pas son regard sur lui (lorsque maman a voulu aider C à éplucher sa clémentine, elle a dit  :  non, il va y arriver et il y est arrivé!)
Parce qu'elle a écrit sur plein de gobelets en plastique qu'elle a posé sur sa table de chevet, l'heure de prise et le nom du médicament à prendre à cette heure là, je sais qu'il les prendra (il est rentré chez lui)
Parce qu'elle vit loin mais qu'elle a couvert les meubles et murs de post it drôles et doux c'est un peu comme si elle était près de lui tout le temps,
Parce que l'amour comme ça, ça me met du baume au cœur,
j'ai bien de la chance !

lundi 6 février 2012

météo du matin

Le temps est incertain madame Lebrun
Oui, la météo se trompe si souvent!
On nous annonce du soleil, un beau ciel bleu
Et puis des nuages arrivent d'on ne sait où
gris menaçant.
On se demande s'il va même pleuvoir
Va savoir madame Lenoir

Alors le brouillard dès le petit matin madame sorin
persiste, s'épaissit même
On ne voit plus la route
et on se met à avancer sacrément prudemment Madame Normand.

On cherche une autre route plus dégagée
le brouillard n'est jamais partout
Suffit de chercher le soleil, madame vermeille!

jeudi 2 février 2012

La nuit la plus longue de ma vie

J'étais en train de servir les assiettes lorsque le nom de mon neveu (le fils de ma meilleure amie et ex-belle soeur donc cousin de mon fils C)) s'affiche sur mon tel portable. "Je t'appelle pour te prévenir que C est tombé en sandwich en faisant une figure de gym. Les pompiers vont l'emmener à l'hôpital.Je vais les suivre et je te tiens au courant."
"Il a mal?; qu'est ce qu'il s'est fait?"
"C'est sans doute une fracture du bras gauche, on ne sait pas."
Je finis de servir les assiettes en me demandant intérieurement qu'est ce que signifiait ce mot de "sandwich, tombé en sandwich", si j'allais prendre ma voiture pour les retrouver à l'hôpital ou pas....
Je me réponds à moi même que oui, je vais le faire et je pars après avoir prévenu le neveu par sms
Aux abords de Dijon mon tel sonne c'est encore le cousin. Je m'arrête.
"H, c'est moi t'es sur la route? "
"Oui"
"Ils t'attendent avant de l'opérer. C'est une fracture de la sixième cervicale avec double luxation C5/C6 C6/C7, ils l'opèrent en urgence mais ils t'attendent"
J'essaye d'intégrer les mots terrifiants qui viennent d'être prononcés.....Je raccroche et je me mets à crier dans ma voiture. De toutes mes  forces, de toute ma colère je hurle ;" nooooooonnnnnn je ne veuuuuuuuuux paaaaas" puis une série de jurons que je préfère ne pas répéter.
De son côté, parce que nous en avons parlé depuis, mon fiston sent que malgré toute sa volonté et sa concentration il ne peut pas du tout bouger son bras ou sa main gauche, pire qu'il ne ressent plus aucune sensation provenant de cette zone-là. Avec l'intense douleur qu'il ressent à la nuque, et le fait qu'il soit en 5ème année de médecine avec un désir d'être neurologue, il SAIT que sa moelle est touchée et essaye de se faire à l'idée qu'il sera sans doute paralysé du bras gauche.
Moi, à partir de ce moment là, au volant, je ne sais plus rien. J'ai l'impression d'être dans une autre ville, un autre pays, une autre planète. Je ne reconnais plus rien. Je fais des ronds. Pendant une heure je tourne dans la ville complètement perdue, hurlant des "non, putain, merde" à perdre haleine.
Puis l'hôpital m'appelle. Ils m'attendent. c'est urgent.
Je puise une force surnaturelle quelque part en moi et j'arrive alors à l'hôpital. Mon neveu m'attends sur le parking, économie de mots, course dans les couloirs des urgences, une porte s'ouvre et je LE vois:
Livide, droit comme un i, branché de partout, je m'approche, la femme médecin me demande de ne pas le toucher, de ne pas m'appuyer sur le lit. Je l'embrasse quand même, un baiser comme une petite feuille toute légère, et je lui dis "je t'aime" dans l'oreille puis "ça va bien se passer". En relevant la tête, je remarque que la médecin a les yeux mouillés, que l'infirmier aussi, je soupèse la gravité des visages qui nous entourent et instantanément je RESSENS la gravité de son état!
Je demande au médecin ce qu'on va lui faire, elle se dérobe, j'insiste, elle prend son talky walky et passe une consigne au bloc pour que le neuro chirurgien me voie.
Je réalise qu'ici beaucoup de gens connaissent mon fils qui y a fait des gardes.On me dit qu'on l'apprécie, que c'est un étudiant brillant et sympathique.
Et on m'invite à l'accompagner au bloc.
L'anesthésiste me pose des questions : a t il déjà été opéré, souffre t il d'allergie? Je comprends que le fiston est tellement shooté de morphine qu'il n'a pas pu répondre lui-même aux questions.
Tout d'un coup, je pense à sa carte de groupe sanguin. Il a une anomalie dans sa formule sanguine. On ne peut pas le transfuser. Je me penche pour demander à C s'il a sa carte de groupe sanguin. Il murmure non. L'anesthésiste est contrarié. Le chirurgien qui arrive le rassure "normalement il n'y a pas besoin de transfusion". Je note les cheveux gris du spécialiste du bistouri et cela me rassure. Cyril ouvre un œil et demande au neurochirurgien ce qu'il va lui faire.
Ce monsieur se lance dans une explication extrêmement détaillée de ses lésions et de ce qu'il va tenter. Les yeux de C s'agrandissent comme des soucoupes. Il me dira plus tard qu'il s'était vu tétraplégique et envisageait différentes euthanasies possibles.
Moi je me suis discrètement éloignée des explications pour poser le bout de mes fesses sur une table que j'avais repérée, histoire de ne pas tomber comme un vieux tas de chiffon sur le carrelage devant le bloc, cela aurait fait désordre!
Lorsque j'ai compris qu'ils l'emmenaient, je me suis rapprochée pour essayer de poser quelques mots rassurants qui viendrait atténuer comme un baume l'effet terrifiant des mots précédents, puis les portes se sont refermées, scellant notre destin.
 Ensuite je me suis autorisée à craquer. Puis comme cela faisait une heure que je me retenais ce fut un assez gros craquage.....
On nous a mis dans une petite salle de consultation.
On nous a apporté du café toutes les heures, proposé des sandwichs, de la soupe....
Puis c'est l'attente.
Je n'admets pas l'idée qu'il lui arrive quelque chose. C'est juste INSUPPORTABLE.
Je vais régulièrement aux toilettes. Mes entrailles se vident. Mon énergie aussi.
Je pense en boucle aux différents mots possibles que va prononcer la personne qui va rentrer dans la pièce après l'opération pour nous en donner le résultat. Je me prépare mentalement à intégrer tous les possibles, je me prépare au pire, je me prépare à être forte.....Encore......Je me demande jusqu'où on peut être forte? Quelle successions d'épreuves, un être humain est il capable d'encaisser en restant debout et ne trouve pas de réponse....
A 3h du matin l'interne vient nous dire que l'opération a réussi, qu'il bouge les deux bras et les jambes. Instantanément la chappe de plomb radioactive brûlante qui rendait l'air de la pièce tellement dense qu'on y était écrasé, s'est envolée. Le sourire est revenu sur les visages.
Nous avons encore attendu 4H du mat pour le voir en salle de réveil. Le cousin s'est approché de C qui a esquissé un sourire et a murmuré quelque chose. Nous avons approché nos oreilles pour entendre et le "vieux saumon" échappé des lèvres du fiston nous a tout à fait rassuré. Il n'avait pas perdu son sens de l'humour!
Je suis restée à son chevet pour le reste de la nuit.
Le lendemain il s'est levé, pour aller se doucher. Ce miracle était si BON
Néanmoins, il n' a pas retrouvé toute la motricité de sa main droite. Pour le moment il ne peut pas écrire par exemple, acte qu'il a vérifié assez rapidement dans sa volonté de pouvoir continuer ses études....
Affaire à suivre, un pied devant l'autre pour chaque étape à traverser!