lundi 21 mai 2012

Date anniversaire

Il pleut.
L'eau s'insinue entre le col de mon imper et mon cou.
Je reste impassible, la tête légèrement en avant pour protéger mes yeux.
Mes yeux qui regardent la tombe.
Bien propre, bien fleurie, où chaque chose est à sa place. Du coup qui me ressemble si peu!
Je me fais la réflexion qu'elle était plus brouillon, plus anarchique du temps qu'on y allait souvent ses amis, Clara et moi. Je laissais les traces de passage des uns et des autres en vrac. Je ne sais pas faire de belles choses bien propres, bien rangées.
Je me dis que 5 ans sont déjà passés.
Je sens le poids de ces cinq années à l'absence de douleur dans mon plexus.
La tristesse resurgit parfois au détour, d'une photo, d'un souvenir évoqué, d'un manque éprouvé.
Mais la douleur, celle qui tord les boyaux avec des hauts le coeur, celle qui terrasse la volonté de se mouvoir, qui empêche de respirer, elle n'est plus.
En ce moment il fait froid.
Il pleut.
Alors la mémoire corporelle se tait.
Cette mémoire-là s'est exprimée toutes les autres années précédentes. Elle est terrible parce que fulgurante et incontrôlable. Lorsque les conditions extérieures sont réunies. Les roses, la chaleur, le soleil, les chants d'oiseaux, la légère brise du matin. Lorsque tous les éléments du tableau sont là, à l'époque anniversaire fatidique, les cellules se souviennent et elles envoient toutes en même temps des messages d'alerte. On se sent oppressée avec le sentiment d'un danger imminent . Puis seulement alors le cerveau analyse la situation, la mémoire revient...Oui c'était un jour exactement comme celui-là lorsqu'il est mort....Malgré tout, les cellules continuent de ré évoquer la souffrance éprouvée ce jour-là et c'est infernal!
Mais cette année, les cellules sont restées en paix car elles n'ont pas reconnu les conditions extérieures.
Voilà.
Je me dis tout cela et d'autres choses.
La pluie ruisselant sur mes épaules.

3 commentaires:

Myel a dit…

je ne t'ai pas souhaité ton anniversaire...je n'en savais pas la date ! mais à la lecture de ton billet, égoïstement j'ai recherché la sensation de cette douleur que tu décris parfaitement : celle qui nous plie en deux ! et puis je l'ai oublié...je t'offre virtuellement des pivoines à rajouter si tu le permets sur cette tombe où tu allais avec Clara. Je t'embrasse

pakita a dit…

peut-être que l'idée de la mort est encore plus insupportable lorsque le printemps est là. Le printemps qui n'est finalement que la vie, la renaissance.
Cette pluie, c’est plus en harmonie avec l'idée de l'absence, de la tristesse aussi.
Et puis le temps panse les plaies même les plus profondes, qu'on le veuille ou non.
Aujourd'hui, nous somme demain.
Tendresse.

Françoise a dit…

On croit toute douleur insurmontable (je l'ai connue lors de la mort de mon frère il y a deux ans et demi). On croit que l'on ne va jamais s'en relever. Que plus rien ne pourra être comme avant, ce qui est vrai. Mais de cette douleur, on va en tirer une très grande force et une autre façon de voir la vie. La vie, oui la vie, elle est toujours la plus forte et c'est tant mieux !
Belle journée à toi, Hélianthine.