mardi 25 septembre 2012

Une journée comme les autres

C'est une journée comme les autres.
Le réveil sonne à 6h15.
J'emmène en voiture ma fille au bus dont l'arrêt se trouve à quelques kms de la maison.
Je reviens.
Les poules m'attendent, impatientes, derrière la vitre de la cuisine que je leur envoie quelques poignées de graines ou de riz de la veille, les cochons d'inde sont déjà dehors, grignotant l'herbe sous l'oeil des minettes et des chiens. Dans l'entrée, j'enjambe les sacs, les cartons et les trucs qui encombrent la maison. Parmi les livres ouverts disséminés par ci par là, en cours de lecture multiple par ma fille, je remarque que Clara a oublié son cahier de harpe (hier c'était son cahier de math), je me dis qu'il faudrait que je mette un peu d'ordre ici mais au lieu de cela je me fait un café et je m'assieds en attendant qu'il coule. Mon fils extra terrestre m'écrit de son club med (prépa math sup) ses dernières bonnes notes et qu'il ne faut pas que j'oublie de prendre rv avec son orthodontiste. J'allume mon ordi pour admirer mon petit fils argentin sur l'écran de veille.
Je n'ai plus de vertiges. Mon corps a toujours su, avant mon esprit, quand des étapes de vie difficiles s'annonçaient et c'est comme s'il me prévenait à l'avance,me forçait à me coucher pour recharger mes batteries avant l'épreuve. Avant hier j'étais donc malade, nausées, vertiges, incapable de rester debout longtemps.Je suis donc restée couchée.
Hier....
Eh bien c'est vrai, ce ne fut pas facile, en tout cas moins facile que mon esprit l'imaginait.

Un vent à décorner les bœufs si toutefois il en existe encore. Puis la pluie.
Je charge ma voiture des derniers vestiges d'une autre époque. Lorsque je vois mes collègues vider leur pièce, je ne peux retenir mes larmes. Avec cet ultime déménagement c'est mon projet idéaliste qui fout le camp. L'essai d'une vie professionnelle communautaire dans une grande maison partagée, sans concurrence, en harmonie, où chacune participerait aux taches communes. Au final, un projet que j'ai portée seule, à bout de souffle, jusqu'à m'y épuiser physiquement, psychologiquement et surtout matériellement!
Un homme qui m'a rencontrée à ce moment-là, m'a dit que  j'étais égarée. C'est sans doute ce qui l'a touché d'ailleurs. "Une petite chose perdue dans un imper délavé sous la pluie" me dit-il, pour une lutteuse comme moi, vous avouerez que cela la fout mal!
Bref, il m'a aidé à prendre la bonne décision, celle que j'aurai du prendre depuis longtemps mais va savoir pourquoi on s'accroche à des rêves comme ça!
J'ai donc vendu ce lieu dans lequel j'ai vécu avec mon homme parti dans une autre vie et qui a été le symbole d'un rêve professionnel. Le plus dur a été de décrocher la pancarte à l'entrée ; "maison du mûrier, relaxation, ateliers Bien-être". Luttant contre les éléments vent et pluie avec une pince pour couper les fils de fer épais qui le tenaient, seule....
Parce que bien sûr, je suis toujours seule aux moments importants de ma vie, c'est comme ça, c'est écrit!
Je regarde mon salon encombré et je me dis c'est bien, maintenant tout est là, dans un même lieu, je suis "regroupée". La table du salon de ma vie d'avant qui servait de table dans la salle d'attente est revenue dans mon salon d'ici et côtoie les meubles achetés récemment.
Le passé et le présent se mélangent enfin!
Je me demanderai plus tard ; qu'est ce que sera demain?

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