vendredi 25 septembre 2009

La douleur

Un moment que j'étais fatiguée.
Mais bon, une chose et une autre....On se trouve des raisons de l'être, vous savez ce que je veux dire. Lundi, je finis par consulter un généraliste. Je décris les symptomes: vertiges, fatigue, étrange sensation qu'un tortionnaire m'a rouée de coup dans le dos à coups de gourdin. Je ressors avec une ordonnance pour une prise de sang qui montrera juste un taux de fer avoisinant le zéro et un leger signe inflammatoire. Je m'achète du foie de veau. Oui, parce que pour les non initiés, je précise que le foie regorge de fer...
Mardi après midi une douleur à la nuque naît et se propage dans le crâne au point de me clouer dans le noir au lit. Malgré les anti douleurs je souffre. Mon aîné fait revenir le généraliste vu la veille qui me trouve des symptômes méningés et m'emmène lui-même aux urgences.
Là, il m'arrive le truc banal: j'attends une heure trente assise sur un siège métallique qui a dû gagner le premier prix du siège le plus inconfortable du monde, dans des courants d'air susceptibles de me déclancher une pneumonie et sous une lumière néonique insupportable pour mes yeux qui n'aspirent qu'à la pénombre....
Je finis par être accueillie par une interne qui confirme les symptômes méningés (surtout raideur à la nuque) et qui m'ordonne après un encéphalogramme du cerveau une prise de sang et un electrocardiogramme : une ponction lombaire. Dieu merci elle y arrive du premier coup et
me voilà en train d'attendre les résultats de tout ça. Bien sûr personne ne s'inquiète de me dire qu'il faut rester absolument à plat après une ponction lombaire!
Aucun résultat n'est significatif de quoi que ce soit.
Le lendemain, 10h après une nuit dans une chambre sous perfusion de je ne sais quel produit une femme médecin, grande blonde aux dents de cheval fait irruption dans ma chambre et mène un interrogatoire d'une grande agressivité. Puis m'assène sa conclusion, définiftive et sans appel: tous vos résultats sont bons DONC vous souffrez de dépression......
J'ai bien aimé le donc. Pour ce médecin le mal de tête est soit une méningite ou une rupture d'anévrisme soit de la dépression. Allez tac! Rien de possible entre les deux.
Mais la dépression, ça non, je sais ce que c'est malheureusement et ce que je ressens aujourd'hui, cette douleur insupportable à la nuque et dans le crâne comme si une armée liliputiens en colère s'ébattaient gaiement à me presser le citron et des nausées au moindre mouvement ne ressemblent pas aux symptomes d'une dépression. Sans compter que côté moral c'est plutôt grand beau fixe (voir billets ci dessous!). Mes tentatives de rébéllion anti diagnostic laissent la grande blonde de marbre. Elle me cloue le bec par un:
"Vous êtes dans le déni de votre dépression, je ne vous donnerai pas de médicaments anti douleur, cela ne sert à rien, secouez vous, levez vous, je vous signe votre bon de sortie"
J'ai arrêté de lutter contre cette bornée internationale.
J'ai bien entendu les infirmières qui essayaient de me négocier quelques heures de repos supplémentaires mais sans succès. Au bureau des sorties, la secrétaire veut me faire une entrée. Lorsque je lui notifie son erreur elle me répond qu'avec la tete que j'ai, il lui est difficile d'envisager une sortie...
Bref, mercredi,retour dans mon lit dans le même état que la veille.
Mais bientôt pire.
Le moindre essai de la position assise se solde invariablement par des vomissement et une douleur terrifiante à l'intérieur de ma boîte cranienne. J' appele un autre médecin ostéopathe acupuncteur. Je me suis dit qu'il allait me manipuler le crâne pour que le cauchemard s'arrête. Sinon il ne reste plus que la décapitation.
Son diagnostic à lui est de l'arthrose cervicale. Je trouve cela un peu plus recevable qu'un déni de dépression. Il tape fort sur l'ordonnance: me voilà à ingurgiter un coktail de trucs codéinés et opiacés.
Jeudi mon amour arrive en France et me trouve couchée incapable de tenir un quelconque échange verbal et vomissant au moindre changement de position. Honte totale!!!!!
"Remarque c'est un moyen fiable de tester son amour" me balance ma copine Flo.
"Cet homme force le respect", murmure maman
Car oui, mon homme à moi est effectivement EXEMPLAIRE. Il va m'acheter des fleurs, des machmallows, recouvre mon corps de meringues (j'adore les meringues!), me masse les pieds, passe le balai dans la maison, me fait des petites soupes de vermicelles et me proclame que je suis la plus belle femme du monde, même malade!
Alors dans mon semi coma je pense que je suis la fille la plus vernie de cette foutue planète!
Samedi alors qu'aucune amélioration n'est à noter et que la radio du rachis cervical n'a pas montré d'arthrose suffisante pour expliquer ces douleurs, mon amour décide de m'emmener avec lui à Strasbourg. "Couchée pour couchée autant être pres de moi ", me dit il. Me voilà allongée dans sa voiture de location. Puis allongée dans une autre pénombre que celle de ma chambre. Lundi matin il m'emmène chez son médecin de famille. Cet homme (béni soit il) m'appuie sur un point précis au bas du dos ce qui me fait hurler de douleur, puis un point à l'épaule idem, un au genou idem et prononce solenellement: fibromyalgie. Puis il m'apprend qu'il existe un syndrôme post-ponction lombaire qui est surement responsable d'une accentuation du mal de tête.
Il me dit d'arrêter le traitement abrutissant et sans effet à part hallucinogène et me prescrit un anti inflammatoire sans effet secondaire avec un truc pour protéger l'estomac.
"Demain vous verrez, vous vous sentirez beaucoup mieux!"
Et en vérité, le lendemain j'étais debout, épatée de l'être avec envie d'embrasser la table du salon les arbres, les assiettes et tout ce qui pouvait apparaitre enfin sans douleur dans mon champ de vision.
Ce qui est génial avec la douleur c'est quand elle s'arrête. On voit les choses vraiment différemment et on prend la mesure de la chance qu'on a lorsqu'on ne souffre pas.

1 commentaire:

cousine christine a dit…

quelle joie de te relire! surtout en ces termes...
pour les médecins, sûr qu'ils n'ont pas 2 sous de psychologie pour les 3/4, reste le 1/4 qui reste!!!ils ne sont pas formés pour dire "qu'ils ne svent pas"!!!
vu le ton employé sur ces derniers posts, pas étonnant que j'ai trouvé C.en forme comme je ne l'avais encore jamais vue!