vendredi 14 octobre 2011

La planète collège vue par une maman vieillissante

L'an dernier j'allais souvent chercher ma fille à la sortie de l'école primaire. Cela me donnait l'occasion de bavarder avec les copines du quartier, d'échanger des infos sur les maîtresses, les devoirs, les amitiés de nos enfants.
Aujourd'hui je suis allée chercher ma fille au collège.....

Première constatation: nous sommes deux mamans au milieu d'une vingtaine d'élèves de fin de collège. J'observe. Je constate que plusieurs d'entre eux ont des bonnets de laine sur la tête, ce qui ne les empeche pas d'avoir les fesses à l'air! Remarque il paraît qu'on attrape froid par les extrémités. Ceci explique peut-être cela. Les fesses ne faisant pas vraiment partie des extrémités (surtout quand elles sont rebondies comme celles de ce jeune homme dont je profite de mon oeil connaisseur). Un être asexué lui/elle à bonnet prend le risque de puissants courants d'air au niveau des jambes puisque les trous de son jean prennent plus de place que le tissu lui-même! Je constate une mixité des groupes lorsque les filles assument leur féminité et qu'elles en sont reconnaissables. A ceci près qu'elles crachent comme les garçons. L'une d'elle pose d'ailleurs son "sac à main" qui lui sert de cartable sur le crachat tout juste projeté par sa copine...
Que font ils?
La plupart s'insulte :
"Connard, tu m'abandonnes " crie une fille à un gars qui décolle ses fesses d'elle,
"Putain merde tu fais chier ! "hurle une autre à ce qui semble être sa meilleure amie,
"t'es folle tu vas pas te faire un piercing aux lèvres, t'es qu'une vraie conne si tu fais ça", lance une fille habillée d'un jogging informe et pull large à sa copine les cheveux teintés en noirs, plaqués avec art de côté sur son front, alors qu'une autre, piercing au sourcil, rentre dans l'échange pour affirmer : "si, si t'as raison c'est trop beau un piercing à cet endroit fais le c'est trop beau jte jure".
Un peu plus loin, deux bimbos, un portable diffusant un truc sensé être musical, trémoussent leurs derrières sous le nez des gars assis par terre. Les gars parlent peu. ils se lèvent, changent de groupe, bisent les filles, leur piquent leur bonnet (putain merde tu fais chier tu vas l'agrandir avec ta grosse tête, rends le moi ou jte défonce le crâne se défend la belle), fouillent dans leur sac à main, quémandent des clopes. Sur ma droite une fille fait l'horrifiée parce qu'elle vient d'apprendre qu'un mec sort avec Jasmine.
"Non? C'est pas vrai, tu déconnes!"
"Si si jte jure, d'ailleurs regarde, il est là bas avec elle en train de l'embrasser"
"Mais ce mec il est sorti avec toute la famille de Jasmine, comment elle fait, même moi il m'a bavé dessus, je suis dégoûtée d'ailleurs qu'il m'ait bavé dessus et puis qu'après il sorte avec cette naine!"
Je ne sais pas si c'est l'effet d'avoir toujours un portable ou du son collé aux oreilles mais je constate que le volume sonore des échanges atteint un degré de décibels hallucinant.
Alors que je suis en train de me dire avec un étonnement éléphantesque que j'ai été prof de ce type d'élèves il n'y a pas si longtemps, j'en déduis que ce devait être dans une autre vie. Je réalise que je préférerai mourir, poignardée là tout de suite et souffrir mille morts plutôt que de reprendre cet ancien boulot. Je ne ressens aucune affection pour ces jeunes autour de moi et ce constat me terrifie parce qu'il me renvoie une image de "vieille conne réac" que je critiquais autrefois, lorsque je les aimais tant ces jeunes que j'aurai donné ma chemise et toute mon énergie pour eux....
Puis ma fille sort, minuscule avec une copine toute aussi petite. Elle n'a pas de clope au bec, elle n'est pas en train de raconter qu'elle était "déchirée grave" hier, elle me sourit, apparemment contente de me voir là, complétement décalée, une ovni de maman sur la planète collège et j'ai une bouffée de bonheur et je me dis qu'il faut que j'en profite, profite à fond parce que cela ne durera sans doute pas cette innocence!
Alors je l'embrasse très fort et je lui demande : "ça va ma princesse?"
Elle me répond toute fière "ça y est, j'ai mon premier DM!"
Et oui, tu grandis quand même ma fille! pense-je un petit serrement au coeur.....

1 commentaire:

Myel a dit…

Ils grandissent et la protection de nos bras d'amour les maintient hors de ces hurlements, crachats et autres injures si tristement banals. Jusqu'à quand ? Je travaille aussi au lycée où cette prof de maths s'est immolée faisant partager son dégoût de la vie à de trop nombreux lycéens. On marche sur la tête qu'on soit petit ou grand... quel gâchis.