lundi 2 juillet 2012

Petits mots écrits d'une chambre d'hôpital parisien

Ce n'est pas un hôpital c'est une zone géographique en trois dimensions. Une dimension horizontale qui détermine les "départements" (si, si c'est le terme employé) et une verticale qui détermine les services en fonction des couleurs "zone jaune" ou "bleue". Par exemple si vous montez au 5ème étage avec un ascenseur bleu, vous arriverez au service de chirurgie intestinale alors que si vous empruntez l'ascenseur jaune pour atteindre le 5ème, vous tomberez sur le service de chirurgie plastique reconstructrice, les deux cinquièmes étages ne communiquant pas, vous êtes obligés d'attendre 20 min l'ascenseur qui vous redescendra au rez de chaussée bas en passant par rez de chaussée haut, les deux rez de chaussée étant coupés, pour une raison aussi inconnue qu'étrange, par deux entresols: entresol 1, entresol 2. Oui, ici le simple rez de chaussée n'existe pas, l'architecte concepteur avait abusé de substances illicites certainement, possédait une personnalité sans doute complexe !
Église, temple, restaurant, magasins, salle d'exposition artistique, salles de gymnastique, tout y est! Une sorte de club med finalement. La dame qui nous montre la chambre me dit : '
"vous allez profiter d'être à Paris pour faire les soldes?" Ce à quoi je la regarde étonnée: 
"les soldes ! alors que vous offrez des supers vacances ici? Non, j'ai emporté des livres, mon ordi. Je vais me poser dans cette belle chambre claire et spacieuse et méditer au département jaune de chirurgie plastique."
Regard étrange que me lance cette belle blonde....
Sinon à part la découverte de cette belle région qu'est l'hôpital au nom d'un délicieux fromage, je retrouve un Paris vide de voitures. Soit les gens sont déjà partis en vacances, soit les efforts démoniaques entrepris par les politiques pour bouter les autos hors de la capitale ont abouti. Les bornes de "prêts" exhibent maintenant de belles voitures électriques empruntables à côté des vélibs et les parisiens moins fortunés ont des jambes de sportif de triathlon. Du coup, je n'ai pas peur de conduire sur les boulevards désertés. Hier soir, soir de finale européenne de foot, les cafés s'ornaient de drapeaux espagnols et les klaxons allaient bon train sur le boulevard, Ah paris!
 Deux familles chinoises se sont installées dans l'immeuble. Niveau parfums, La cage d'escalier est un mélange de brik au miel, de nems au riz cantonnais et de tourte aux légumes bios. Ma nièce qui m'accueille propose un dîner sushi, super!
Comme tous les soirs les gens ne dînent pas avant 22h,  Ah Paris!
Ce matin j'ai découvert que la serrure avait du être forcée puisque je ne pouvais plus fermer ma voiture à clé. Après 20 minutes de bidouillage au tournevis, j'ai réussi à remettre ma serrure en place et verrouiller de nouveau ma modus. Les supermarchés ouvrent à 9h,  les talons se coincent entre les pavés, mais où sont passés les chiens ? Ah Paris!
Un homme a foncé tête en avant au milieu des piétons en criant que cela ne pouvait plus durer, un enfant d'un an a piqué une crise de nerfs hystérique parce que sa mère lui avait enlevé le téléphone, (que dis je! l'ordinateur/téléphone portable) qu'il tenait dans la main pour répondre à un appel, il n'y avait pas de lait chez Paul, ce qui m'a privée de mon rituel de double crème, une panne de courant du secteur m'a permis de renforcer mon muscle cardiaque en montant les six étages à pied. Ah Paris!
Et puis, il y a le métro! Le métro parisien. Un festival d'odeurs, une foire de costumes, des gens qui ne décollent pas leurs yeux d'un journal ou d'un téléphone, ou marchant, en s'asseyant en tirant sur la chevillette pour que s'ouvrent les portes, ceux qui observent à la dérobée dans cette magnifique non intimité du lieu!
Toute cette énorme énergie dépensée autour de moi par ces gens pressés, faméliques, stressés voire déjà "fous" m'a fatiguée! Ce soir, contre toute attente je risque de sombrer dans un sommeil profond!
La porte de la chambre s'ouvre.
"Vous êtes là? Votre fils est mineur mais nous n'acceptons pas que les parents dorment ici...."
"Ok, ok je pars...."

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