lundi 9 février 2009

La vieillesse


Je suis TATIANA
la ridée, l'amnésique
Je suis TATIANA
La blanche, l'évanescente

Je suis la reine du temps et de la ronde des heures.
Aucun être humain ne connait mon secret.
J’ai juré de ne rien dévoiler.
Le matin, je me presse, il y a tant d'instants à profiter!
Je sors au moment où l'aube blanchit l'herbe et les dalles du jardin.
Je guette les messagers du ciel.
Sitôt qu’ils chantent je sais qu'un nouveau jour va se lever.
C'est si long de l'attendre !
Les joies sont trop courtes.
Il faut se souvenir de la douceur de tes mots d'amour,
Faire renaître le frisson de l'échine quand tes mains s'y posaient,
Sentir le parfum de rose de ma fille, la douceur labiale de mes fils sur mes joues,
Pleurer dans leur bras, me sentir renaître dans leur regard.
Vite, le temps presse,
Une messagère de la faucheuse peut à tout moment m'emporter .
J’arpente les couloirs des hôpitaux, ma peau channélisée pour masquer mon odeur de vieille femme : le parfum de la décrépitude.
Ici, j'offre des mots de compassion à mon coeur agonisant
qui a dû lutter longtemps avant de rendre les armes là, vidé de mon sang par mon entêtement à y croire encore.
J'apprivoise ma solitude qui jamais n'aura été si grande.
Elle me protegera, me grandira.
Je me presse, la vie offre tant de surprises !
Il y a la jeune fille qui gambade au sein de la vieille carcasse,
gourmande de bonheurs à venir !
Une fois encore, à Lui, la prière :

« Laisse-moi encore un peu de temps, je ne suis pas prête à mourir »

Je suis TATIANA
L'ancêtre, la guerrière
Je suis TATIANA
L'immortelle.

9 commentaires:

Celui qui regarde le Temps passer.... a dit…

Je suis content que ma photo au fond du jardin ait pu susciter cette série de poèmes élégiaques (une élégie est un poème qui a pour thème la fuite du temps, l'amour, la mort, la mélancolie). Il y a une grande unité formelle dans ces 5 poèmes et un ton à la fois grave et détaché qui évite de tomber dans le pathétique.

Anonyme a dit…

Heureuse de te retrouver Hélène. J'ai lu tes 4 textes à la suite et il se dégage un rythme incroyable. Je t'avoue que voir brosser toute une vie ainsi m'angoisserait plutôt pour ma part. Tu parviens à en dégager une unité qui m'impressionne. Très beau travail, style impeccable! Bravo!

Pedrolito a dit…

Agréablement surpris de pouvoir lire tes nouveaux billets.
Ne plus vouloir continué ce blog, nous aurait privé de lire ces 5 magnifiques poèmes.
merci

Anonyme a dit…

Merci de nous avoir offert ces sensations. De joie mon coeur a bondi quand j'ai vu que tu n'avais pas tenu ce que que tu avais dit. Oui , de joie et puis j'ai été oppressée, envie de hurler NOOOOOOOON pour que le temps qui passe ne te soit pas funeste.

christine Z a dit…

Alors là tu m'épates tu m'épates tu m'épates!

helianthine a dit…

A celui oui, évitons le pathétique...Merci
à Mots heureuse de te retrouver aussi Yaêlle.Merci
à Pedrolito ta fidélité me touche.Merci
à Myel,je suis émue de ta bienveillance.Merci.
à Christine Yaouhhhh! Je mesure le poids de ton compliment. Merci!

noèse cogite a dit…

Ce temps qui avance ns fait apprécier ce qui reste encore à vivre.
Superbement écrit Hélène:)

Ca†≈ a dit…

Joli le blog de ton papa.
Vous avez cette même étincelle profonde dans le regard...

Serge a dit…

Bon, hélène , je t'ai taguée, donc si tu veux bien alors voir mon blog pour continuer le petit jeu, si tu veux bien.
Merci.
http://serge-servais.blogspot.com/2009/02/500-euros-et-500-secondes-par.html